Préperf se permet de reprendre un article très bien fait paru sur le site « Welcome to the Jungle » dont voici un extrait :
« D’après une étude du cabinet Stimulus menée sur 32 000 salariés en 2017, près d’un quart des Français se trouverait en situation d’hyper-stress au travail. En mars 2018, l’ADN publiait un article au titre provocateur : Le travail tue, et tout le monde s’en fout. Il faisait état des chiffres alarmants rien qu’aux États-Unis en 2017 : 120 000 décès liés au stress en 2017, une douloureuse dette de 130 milliards de dollars. Une bagatelle, n’est-ce pas ?
Mais alors, quelles formes prend ce stress au travail ? D’où provient-il ? Qu’en coûte-t-il aux salariés comme aux entreprises ? Comment le canaliser ? Pour mieux comprendre, nous avons sollicité Océane Marchand, psychologue du travail spécialisée dans l’accompagnement d’individus en souffrance dans le cadre professionnel.
D’où provient tout ce stress ?
Parmi les causes les plus fréquentes, Océane met en avant, d’après le rapport Gollac du Ministère du Travail sur les risques psychosociaux (2011) :
La surcharge de travail : trop de responsabilités, un temps insuffisant, des tâches complexes ;
Les exigences émotionnelles : devoir refouler ses émotions face aux clients dont on voit la souffrance (dans la santé ou comme téléopérateur par exemple) ou quand on est agressé (comportements violents, racistes…). De manière plus pernicieuse, devoir adopter des émotions lisses (joie et bonne humeur) en entreprise est aussi identifié comme un facteur de stress.
Le manque d’autonomie et de marge de manœuvre : les procédures rigides, le micro-management, les tâches répétitives, l’impossibilité d’être créatif et proactif.
Le manque de soutien social et de reconnaissance : l’absence de cohésion d’équipe et de bienveillance, le manque de lien voire l’existence de conflits, l’absence de remerciements.
Les conflits de valeurs : par exemple, une organisation du travail qui privilégie la quantité par rapport à la qualité en ne donnant pas les moyens à l’employé de faire correctement son travail (ce qu’on appelle la ‘qualité empêchée’), ou encore l’incohérence entre les valeurs de l’entreprise et celles du collaborateur, qui amène une perte de sens dans le travail.
L’insécurité de l’emploi, dans une situation incertaine ou précaire.
À cela, on pourrait ajouter enfin la difficulté à concilier vie professionnelle et vie privée (à lire : 10 conseils pour trouver l’équilibre)
Alors, comment ce stress se manifeste-t-il ? Selon Océane, le stress se manifeste en trois phases :
Une phase d’alerte, avec une libération d’adrénaline et de cortisol. En bref, vous commencez à sentir monter la pression, vous avez envie de fuir, et au lieu de cela vous grignotez et vous vous pressez en ayant diffusément mal au ventre.
Une phase de résistance, avec une libération de glucocorticoïde. Vous ne vous êtes jamais demandé comment vous réussissiez régulièrement à rendre des dossiers qualitatifs après avoir travaillé pendant des semaines jusqu’à 4h du matin ? Merci le glucocorticoïde.
Une phase d’épuisement, ou le stress devient chronique.
Or, Océane nous l’expliquait bien, le corps ne différencie pas une situation réellement dangereuse pour notre santé, voire notre vie, d’une simple situation stressante au travail.
Si le stress perdure, notre productivité et notre bien-être baissent et notre santé physique est affectée. Parmi les symptômes d’un stress chronique, Océane cite : « des douleurs, troubles du sommeil ou de l’appétit, crises de larmes, perturbation de la concentration. Des pathologies peuvent apparaître : le burn-out, la dépression, l’anxiété, des maladies cardio-vasculaires, des troubles musculo-squelettiques. » Côté vie privée, le stress peut se traduire par « une humeur négative à la maison, un repli sur soi, une diminution des activités extra-professionnelles (activités sportives, sorties), une séparation, une perte de sens générale de sa vie. »
Si les conséquences sont si graves, c’est parce que le travail représente une grande partie de l’équilibre vital dans nos sociétés. Océane insiste : « Le travail a une place privilégiée dans nos vies : l’une des premières questions que l’on pose à une personne que l’on rencontre est souvent « Que fais-tu dans la vie ? » Le travail permet de développer nos compétences, d’être reconnu et d’établir des relations sociales. Central, le travail façonne notre vie et notre identité. » Par conséquent, un mal-être au travail équivaut à saborder toute une partie de son équilibre, et par là même, de son bonheur.
Un lourd bilan pour les entreprises
Côté entreprises, les maladies mentales seraient la première cause d’invalidité en France, et le deuxième motif d’arrêt du travail. Selon un rapport de la Cour des Comptes de 2011, on pourrait chiffrer la mauvaise santé psychique des salariés à plus de 100 milliards d’euros par an en France. Les Echos estiment que le mal-être au travail coûterait 13 500 € par an et par salarié, et selon le poste et le niveau de responsabilités, un licenciement et remplacement peuvent en coûter beaucoup plus à un employeur.
« On peut évoquer les coûts directs pour l’entreprise au niveau des soins, de l’absentéisme, du présentéisme et du turn over. Il y a également des coûts indirects liés à une baisse de la productivité et aux mouvements sociaux qu’une organisation nocive peut engendrer. Les coûts humains ne sont pas non plus à négliger en terme de souffrance psychique », explique Océane. « Il est donc primordial de prendre soin de la santé psychologique des employés. Certaines organisations, telles les entreprises libérées ou agiles, donnent d’ailleurs la parole à leurs employés sur ce sujet trop souvent tabou. »
Source : welcometothejungle.com